samedi 11 octobre 2008

Coyote

Un jour, mon grand-père a pris son fusil et, de la fenêtre de sa cuisine, a visé un coyote qui mangeait les restes de boucherie de la veille derrière la grange. D’un trait, il a touché le coyote au derrière et, paniqué, a appelé mon père pour lui demandé de venir l’achever. Papa, habitué aux bourdes de son père, laissa son dîner et partit charger sa carabine à la cave. Je l’ai suivi jusqu’à l’arrière de la grange. C’est là que je l’ai vue, la pauvre bête, paralysée en partie par sa blessure et par la peur qu’elle tentait, tant bien que mal, de cacher derrière ses crocs et des grognements étouffés. Je me rappelle cette vague qui m’a envahi, naissant au creux du ventre, et qui s’est répandue aux quatre coins de mon innocence. Je me souviens de cette révolte contre la gratuité de la mort et contre le fait que le simple caprice d’un homme sans jugeote soit si porteur de souffrance. Quand je repense à ce jour, ce qui me revient le plus à la mémoire, c’est la rage qui a obscurci mon regard, c’est la haine qui a fait son nid dans mon enfance. Ce jour-là, mon grand-père a pris ombrage dans mes souvenirs : un certain coyote grandit.

3 commentaires:

Tattoo a dit…

Eh, Mathieu, tu n'abandonnes pas ton blogue après un post j'espère! J'ai bien aimé ce texte (même si je pense que ça aurait avantage à être un peu développé. Il y a de belles images (peur [...] cachée derrière ses crocs et ses grognements étouffés; vague [...]répandue aux quatre coins de mon innocence; un certain coyote grandit) et la situation est intéressante, bref, c'est un sujet qui mériterait d'être creusé. Lâche pas la prose, mon vieux! Et publie donc des extraits de ta suite poétique, tant qu'à y être! On a cet espace pour partager nos textes, faut l'utiliser. Pour ma part, je ne m'en prive pas... Je sais pas si tu vas encore voir mon blog, mais après une brève accalmie, je suis reparti sur les chapeaux de roue, et je me sens (même si le mot m'a toujours fait un peu rire) "inspiré" plus que jamais...

Tattoo a dit…

Et pis je me pose une autre question: c'est quoi l'image dans l'entête du blogue? La queue d'un chat tigré dans une fourche d'arbre? Quossé ça? Toé mon énigmatique forestier!

Vianney a dit…

Merci ben, Tatoonichou.
J'ai l'intention d'approfondir ce texte, quand ma maîtrise me hantera moins...
Pour ce qui est de la photo, il s'agit d'une photo de raton-laveur pris dans un piège, avant que ne le tuasse d'un coup de hache, par obligation, il va sans dire... Mais j'ai posté la photo et ça a mal cadré. Je n'ai pas de personnel technique pour mon blog, comme toi moi là... ;)